Bonjour Pierre, et merci pour votre question ! Vous mettez le doigt sur un sujet très controversé. En France, l’exploitation domestique du gaz de schiste est interdite depuis 2011. Pourtant, avec la crise de l’énergie et l’arrêt des livraisons de gaz russe par pipeline, le pays en consomme de plus en plus. Depuis fin 2021, l’Hexagone a en effet importé plus de 4,5 milliards de mètres cubes de gaz naturel liquéfié (GNL) des Etats-Unis, issu quasi exclusivement de gaz de schiste, selon le média Disclose. Et en mai 2022, le géant Engie, dont l’Etat détient 24,1% du capital, a conclu avec l’américain NextDecade l'achat de 1,75 million de tonnes par an de GNL issu là aussi de gaz de schiste, et ce jusqu’en 2041. De quoi pousser certains observateurs à accuser la France d’hypocrisie, alors même que le gouvernement insiste sur la nécessité de retrouver l'« indépendance énergétique ». Et pour cause, le pays dispose de gaz de schiste dans ses sous-sols. Même si la quantité reste inconnue, des gisements existent dans le bassin parisien, ainsi que dans le sud-est, entre Montpellier et Montélimar. En 2015, un rapport commandé par Arnaud Montebourg, alors ministre du Redressement productif, estimait ainsi une possible manne financière de 300 milliards d’euros, et entre 120.000 et 225.000 emplois créés sur 30 ans. Mais ce même rapport, rapidement enterré, revenait également sur les nombreux risques associés. Concrètement, le gaz de schiste est retenu à grande profondeur et emprisonné dans la roche, contrairement aux gisements dits « conventionnels ». Pour l’en extraire, il faut donc opérer une fracturation de cette roche, la fameuse fracturation hydraulique. Or, cette technique peut engendrer une pollution des nappes phréatiques, accroît les risques sismiques et demande énormément d’eau. Enfin, pour l'extraire, il faudrait créer une plateforme de forage tous les kilomètres. Une configuration envisageable aux Etats-Unis, notamment dans les vastes plaines du Texas, mais bien plus difficilement imaginable en France.
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