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La transition énergétique sera favorable au gaz ou ne sera pas, assure Engie

Marine Godelier

Journaliste Énergie à La Tribune

Un fournisseur de gaz…qui défend le gaz. A priori, rien de surprenant là-dedans. Mais pour Engie, l’enjeu est de taille : alors que la transition énergétique entraîne une chasse aux énergies fossiles, ces combustibles émetteurs de CO2 et de méthane à l’origine du réchauffement climatique, le groupe s’active pour défendre une trajectoire « pragmatique » où le gaz trouverait toute sa place. Sans quoi les objectifs climatiques du Vieux continent ne seront pas atteignables, a même assuré lundi sa directrice générale, Catherine MacGregor. 

L'argument paraît contre-intuitif. Pourtant, dans un exercice de prospective sur le mix en 2050, l’entreprise a déployé un raisonnement bien huilé : pour répondre aux besoins massifs en électricité « verte », Engie table sur une multiplication par six de la production d'énergie éolienne et solaire à cette échéance. Soit autant de sources variables en fonction de la météo, qui devront être complétées par du gaz afin d'assurer à tout moment l'équilibre entre l'offre et la demande, a fait valoir le groupe. 

Un « back-up » d’autant plus nécessaire que la France risque de manquer d’électricité, les énergies renouvelables se développant bien plus lentement que prévu, et les prochains réacteurs nucléaires paraissant encore bien lointains. Hasard du calendrier, RTE alertait d'ailleurs quelques jours plus tôt sur le risque d’un déficit dans les prochaines années.

Pas d’inquiétude, néanmoins : ce gaz sera « vert », selon les termes d’Engie. Il s’agira notamment de biométhane, issu de la fermentation de matières organiques. Mais aussi d’hydrogène, produit à partir d’électricité bas carbone, et dont la demande serait multipliée par 8 d’ici à 2050 selon le groupe ! Une rhétorique destinée à mieux faire avaler la pilule ? La charge de la preuve incombe en tout cas aux gaziers, alors que tout reste à faire. Car pour l’heure, le biométhane comme l’hydrogène bas carbone restent une goutte d’eau dans l’océan fossile.

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On vous répond

 

Si je remplace ma chaudière  au gaz par une pompe à chaleur, qu’en sera-t-il de la production d’eau chaude aujourd'hui assurée par la chaudière ? Devrai-je ajouter un ballon d’eau chaude ?

Bonjour Jean-Paul, merci pour votre question ! 

Tout dépend du type de pompe à chaleur (PAC) que vous choisissez. Il existe deux typologies : soit les « classiques », qui tiennent le rôle de chauffage uniquement, soit les « double service », qui assurent aussi la production d’eau chaude sanitaire, en complément. Avec ce type de système, « pas besoin de rajouter de ballon », précise à Contre-Courant François Deroche, président de l’Association française des pompes à chaleur (Afpac). 

Concrètement, la fonction dissociée de la PAC donne la priorité à la production d’eau chaude, qui s’effectue la nuit, lorsque les besoins en chauffage sont moins importants et que le prix de l’électricité est plus bas (c’est-à-dire en heure creuse). 

Et ce type d'installation présente plusieurs avantages. D’abord, celle-ci prend peu de place, l’ensemble se présentant sous forme de colonne. Ensuite, il suffit d’un seul contrat de maintenance. Par ailleurs, le rendement est élevé, puisque pour 1 kilowattheure (kWh) consommé, la PAC en produit en moyenne le triple, voire le quadruple selon la température extérieure. 

Quelques points de vigilance néanmoins : ce rendement diminue lorsqu’il fait très froid. Etant donné que la PAC double service donne la priorité à la production d’eau chaude, le chauffage du logement peut donc être altéré dans les régions les plus rigoureuses. Dans ces conditions, mieux vaut donc envisager un système d’appoint, ou se tourner vers d’autres solutions. Autre point à noter : ce type d’installation fonctionne toute l'année : l’usure est donc plus rapide par rapport à une PAC classique.

Enfin, il faudra bien sûr tenir compte du coût total : même si ce n’est « pas plus cher que si l’on achète séparément une pompe à chaleur classique et un ballon d’eau chaude », selon François Deroche, le système reste assez dispendieux. Ainsi, selon Effy, le coût moyen du matériel s’élève à 11.097 € TTC, auquel il faut ajouter 1.833 € de main d'œuvre, soit 12.930 € TTC.

 

 

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